Un point en ce début de Janvier 2005

Il y a quinze ans, le North Atlantic Salmon Fund (NASF) a été lancé comme une tentative de dernier recours pour éviter ce qui semblait mener à la probable extinction du saumon Atlantique sauvage. Aujourd’hui il semble bien que nous récoltions enfin les dividendes de la somme de travail réalisée pendant la période écoulée.

Il y a certes encore des batailles à gagner avant de pouvoir proclamer l’aboutissement victorieux de notre grande campagne de sauvegarde de l’espèce. Cependant, et presque partout des deux cotés de l’Atlantique, il est fait état d’une amélioration nette et parfois importante des retours de saumons de Plusieurs Hivers de Mer (Multi Sea Winter). Ces grands poissons sont de loin les saumons les plus précieux qui puissent remonter nos rivières, tant en termes de valeur sportive que de potentiel de production quantitative et qualitative d’œufs dont la viabilité est généralement supérieure à celle des Å“ufs produits par les grilses.

Il est encore trop tôt pour affirmer que l’avenir du saumon sauvage est désormais assuré. Toutefois les indications de renforcement des stocks de MSW au cours des deux ou trois dernières années constituent des signes encourageants d’un possible franchissement d’un seuil critique conduisant à la reconstitution des stocks. Bien évidemment subsistent quelques obstacles sérieux et persistants à notre progression, mais là aussi nous percevons des signes d’un début de changement d’une certaine opposition systématique et obstinée à la philosophie de conservation du NASF.

Ce sont, bien sûr, les eaux côtières du Gröenland qui produisent les saumons MSW et c’est là qu’a été perpétré le premier grand massacre, après la découverte des zones maritimes de nutrition des saumons. La destruction alors mise en Å“uvre par une opération internationale de pêche sans aucune limite a pris de telles proportions qu’elle a rapidement entraîné l’effondrement des stocks des rivières à saumons Canadiennes jusqu’alors prolifiques. Cela a même abouti à la quasi disparition du saumon Atlantique sauvage dans les rivières des Etats Unis.

C’est aussi ce qui a suscité le lancement du NASF, quand son président fondateur, Orri Vigfusson, a pris la décision d’agir après avoir réalisé le danger. L’homme d’affaires Islandais s’est rendu compte que les eaux Gröenlandaises de nutrition des saumons risquaient d’être complètement vidées de leur ressource. Il a employé les premiers fonds qu’il avait collectés à permettre aux poissons qui restaient d’échapper aux captures commerciales et le NASF, avec le concours relativement modique d’autres organisations, a continué depuis lors à consacrer ses fonds à leur protection.

A l’exception d’une petite pêcherie qui se limite à la capture d’un petit nombre de saumons pour la seule consommation locale, le moratoire appliqué aux captures de saumons par les pêcheurs Gröenlandais se poursuit. Grâce à la rentabilité d’activités de pêche de substitution ciblées sur le crabe de neige et les Å“ufs de lompe, que le NASF a suscitées, Orri pense être en mesure d’assurer la protection totale des zones maritimes de nutrition.

 

Le NASF est devenu un organisme international privé qui rencontre beaucoup de succès, est reconnu par chacun des gouvernements concernés par l’avenir du saumon Atlantique et s’est vu conféré le statut de société de bienfaisance dans certains pays. Le NASF a adopté la voie la plus directe pour remédier aux problèmes du saumon. Il a accru le taux de survie de saumons reproducteurs, leur permettant ainsi d’échapper aux étals des poissonniers.

Un tel remède aurait pu s’avérer tout à fait impopulaire. En fait il a été apprécié par les pêcheurs professionnels qui ont été indemnisés, pour avoir volontairement stoppé la pêche, et se sont vus proposer d’autres formes d’activités. C’est un remède simple bien que coûteux, mais c’est le seul qui marche…Le NASF a également admis qu’une bonne partie des fonds nécessaires au financement de ce processus devait être à la charge de la communauté de la pêche sportive. Les donations auraient fait défaut si les pêcheurs à la ligne, qui ne prélèvent qu’un faible pourcentage du stock, s’étaient vu imposer d’arrêter la pêche. C’est pourquoi le NASF a su convaincre bon nombre de pêcheurs sportifs de remettre à l’eau la plupart de leurs prises de saumons.

Après avoir acquis le support de beaucoup d’autres organisations concernées par la survie et la restauration des stocks de saumon Atlantique, le NASF mène des actions de lobbying vigoureuses auprès des gouvernements, des hommes politiques et de nombreuses personnalités influentes. Nous sommes déterminés à faire cesser les pratiques de gestion dommageables et à faire progresser les normes de protection environnementale.

Faits marquants de notre campagne à ce jour

L’année écoulée a connu des succès considérables pour le NASF. Des accords mutuels de préservation ont été négociés de part et d’autre de l’Atlantique Nord ; entre autres, un accord de rachat des filets à saumons dans le Sud Ouest de l’Angleterre, la poursuite des accords de levées temporaires des filets dans le Sud Ouest de la France et du moratoire concernant les zones de nutrition des saumons au large du Gröenland pour une période de 5 ans.

Des progrès importants au regard de notre objectif de rachat des filets à saum
ons opérant le long de la cote d’Irlande du Nord, à hauteur de plus de 2 millions de Livres sterling , ont été réalisés, en partenariat avec l’Assemblée d’Irlande du Nord. Nous venons d’engager des négociations en vue d’une réduction importante des captures au filet de stocks mixtes actuellement réalisées dans le Lac Foyle, pêcherie placée sous le contrôle commun de la République d’Irlande et de l’Irlande du Nord. Le NASF est en charge du rachat par le secteur privé de la plupart des filets dérivants à saumons opérant en Mer du Nord. Le gouvernement Britannique a apporté son concours à ce rachat à qui a coûté quelques 3,25 millions de Livres Sterling.

Projets en cours

Le dernier gros obstacle qui subsiste sur le chemin du rétablissement des stocks Européens se trouve être les quelques 800 filets dérivants opérant au large de la cote Ouest d’Irlande. Cette pêcherie a pour cible, sur leur trajet de retour, les bancs de saumons issus des rivières de plusieurs pays Européens ; elle est responsable de la destruction d’au moins 200.000 saumons par an. Ce dernier automne sont apparus des signes sérieux démontrant que le prélèvement continu de telles quantités est en train de détruire les stocks des rivières Irlandaises elles mêmes.

Le gouvernement de la République Irlandaise est aujourd’hui confronté de tous cotés à des demandes de rachat ou d’indemnités de cessation d’activité de filets. Quatre organisations de pêche sportive Irlandaises ont récemment créé un front uni nommé ²Arrêt immédiat aux filets dérivants à saumons². La Commission Européenne examine actuellement des plaintes pour infraction des pêcheries aux filets dérivants à l’encontre de la Directive Européenne Habitats.

En réponse à la requête du NASF, l’Irlande a admis que, en application de la Convention des Nations Unies sur la Loi de la Mer (UNCOS), elle est dans l’obligation d’autoriser les pays voisins à participer à la gestion de leurs stocks de saumons lorsque ceux ci entrent dans les eaux Irlandaises. De nombreux rapports établis à la demande du gouvernement font ressortir que la ressource que représente le saumon serait infiniment plus rémunératrice pour l’économie du secteur rural que l’activité de pêche au filet si le saumon était pris en considération pour sa valeur d’attraction touristique. La plus importante organisation de pêcheurs professionnels de saumons au filet réclame le rachat des droits de pêche pour sauvegarder les stocks. Le Ministre Irlandais des Affaires Gaëliques les soutient et ajoute qu’une opération de rachat est à l’ordre du jour d’une réunion du Cabinet Irlandais dans le courant de ce mois. Au terme de nombreuses années de pression constante du NASF, il semble que le gouvernement Irlandais soit enfin prêt pour un changement radical de sa gestion des stocks de saumons. En attendant le NASF a ouvert la voie à l’ouverture de négociations entre les responsables de la pêche professionnelle, sportive et touristique dans les districts Norvégiens de Namsen et de Trondheim. En cas de succès, on peut espérer que des accords similaires suivront à travers toute la Norvège.

 

L’avenir

En formant des groupes de volontaires bénévoles partout où le saumon est présent dans l’Atlantique Nord, le NASF a mis en place un vaste réseau international de défenseurs de la cause du saumon. Les personnes impliquées sont des notabilités locales, régionales et nationales aussi bien que des personnes privées. Ces groupes sont à même d’exercer une influence réelle sur les responsables de le ressource saumon et sur le secteur public dans tout pays où le saumon Atlantique est présent.

 

Tout en accueillant volontiers pour la protection de leurs stocks de saumons les nations qui ont su conserver un niveau élevé ou satisfaisant de leur ressource (Islande et Péninsule de Kola), le NASF cherche à restaurer les stocks des pays moins favorisés dont le patrimoine saumon est menacé et en péril. De part et d’autre de l’Atlantique nos efforts visant au retour des stocks de saumons à leur niveau d’abondance antérieur ont gagné le soutien de la plupart des scientifiques internationaux. Ils sont d’accord avec le NASF sur l’urgence nécessité d’éliminer les pêcheries de stocks multiples par le recours à des négociations amiables. Il s’agit en effet d’une forme de pêche aveugle qui empêche toute gestion scientifique appropriée des nombreux stocks propres à chacune des rivières concernées.

 

Il a été estimé de façon indépendante que le NASF a jusqu’à présent permis à plus de trois millions de saumons d’échapper à la pêche commerciale et rendu possible de ce fait le retour de ces poissons vers leurs rivières natales pour s’y reproduire.

Conclusion

Le NASF, dont l’entreprise et le support financier sont fondés sur le volontariat, maintient le rythme de sa campagne et son programme non stop de consultations et de présentations, en recourant aux médias et à des publications attractives pour faire passer ses messages explicatifs.

Le NASF a été l’initiateur d’une vision nouvelle d’abondance des stocks de saumons, visant à ce que que les générations futures puissent découvrir et apprécier la beauté et la force du saumon Atlantique sauvage. Il croit fermement que les fruits de ce rétablissement devraient profiter à chacune des nations dont les rivières ou les mers produisent, nourrissent ou constituent les routes migratoires du saumon sauvage. Toutes ces nations devraient disposer de droits identiques au partage d’une ressource durable dés que cela sera redevenu possible.

Il faut toutefois qu’elles reconnaissent d’abord que Salmo Salar est encore menacé dans une large partie de sa zone de répartition de l’Atlantique Nord et qu’elles soient décidées à faire de la protection et de la sauvegarde de la ressource une priorité absolue.

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