Les Nouvelles du National Geographic

Importants retours de saumons Atlantique

L’espoir renaît pour l’avenir

James Owen

Pour les Nouvelles du National Geographic

10 Janvier 2005

[news.nationalgeographic.com]

L’année dernière, une marée argentée de saumons a envahi de nombreuses rivières d’Europe et d’Amérique du Nord. L’Ecosse, L’Islande, le Canada et d’autres pays ont fait état d’accroissements substantiels du nombre de retours de saumons dans leurs rivières natales.

La vigueur de ces remontées fait naître l’espoir que les efforts de sauvegarde commencent enfin à donner des résultats, proclament les militants qui ont tenté de mettre un terme au long déclin des stocks de saumons Atlantique.

Le saumon Atlantique (Salmo salar) est renommé pour l’extraordinaire histoire de sa vie : ses migrations s’étendent sur des centaines, voire des milliers de kilomètres, depuis ses zones nutritionnelles d’où il revient pour remonter les courants rapides et les chutes, jusqu’à parvenir à l’endroit précis de la rivière où il est né.

Vénéré par les pêcheurs à la ligne comme le « roi des poissons », la réputation du saumon en tant que poisson de sport est sans égal.

Au cours des 25 dernières années, le nombre des retours de saumons a chuté dans de nombreuses régions jusqu’à une fraction de leur abondance historique de poissons. Pourquoi exactement, cela demeure une énigme. Parmi les causes possibles figurent la pêche commerciale, la diminution de la nourriture disponible en mer, la dégradation des habitats en rivière, et les problèmes écologiques liés à l’élevage aquacole du saumon.

Toutefois, les conservationistes voient dans la récente amélioration des retours de saumons Européens et Nord Américains un signe que des mesures à vaste portée visant à réduire les captures commerciales contribuent effectivement au renversement de tendance de la situation .

Les chiffres officiels de captures à la ligne en Ecosse, pour 2004, atteignent 80.000, pour la première fois depuis dix ans, selon l’Association des Comités Ecossais de Pêcheries de Saumons (ASFB), basée à Edimbourgh. La moyenne annuelle des 50 dernière années est de 67.000 saumons. Les pêcheurs à la ligne de la rivière Tweed, au Sud Est de l’Ecosse, ont capturé plus de 14.000 saumons, soit l’un des meilleurs résultats jamais atteints en Grande Bretagne. Plusieurs autres rivières Ecossaises ont également battus leurs records absolus, selon l’ASFB.

Des rivières réputées, comme la Miramichi et la Restigouche, au Canada, et la rivière Grey, au Newfoundland, font état de résultats parmi les meilleurs des 20 dernières années, déclare Orri Vigfusson, président du North Atlantic Salmon Fund, basé en Islande, à Reykjavik.

L’Islande elle même a connu sa saison la plus productive depuis 1978, et cela ajouté aux accroissements consécutifs du nombre total des captures réalisées par les pêcheurs à la ligne au cours des quatre dernières années .

Objectif restauration

Le North Atlantic Salmon Fund (NASF) est une coalition internationale d’organisations non gouvernementales qui s’est fixé comme objectif la restauration des stocks de saumons sauvages. Structure de financement privé, le NASF a concentré ses efforts sur la réduction du nombre de poissons capturés en mer par les pêcheurs commerciaux.

« Beaucoup trop de saumons sont victimes des pêches commerciales en eau de mer avant que ces poissons aient pu atteindre la relative sécurité de leurs rivières natales. », souligne Vigfusson. « Cela maintient le stock des reproducteurs à un niveau techniquement bas, situation desespèrément mauvaise, alors que les stocks sont déjà de toutes façons faibles. »

Le NASF a travaillé à l’établissement d’accords environnementaux avec les pêcheries du Nord Atlantique. Moyennant compensation financière significative et des possibilités d’emplois alternatifs, les pêcheurs ont accepté de cesser ou de réduire considérablement leurs opérations au large du Gröenland et des Iles Feröes, où se trouvent les principales zones de nutrition du saumon. Les pêcheurs commerciaux qui, par ailleurs, interceptent les saumons sur l’itinéraire de leurs migrations de retour font également l’objet de rachats de leurs droits de pêche.

Vigfusson ajoute qu’il a fallu lever jusqu’à 150 millions de dollars US pour le financement de ces accords, avec le concours du Gouvernement Canadien, parmi d’autres. Le NASF estime que quatre à cinq million de saumons ont ainsi pu être sauvés jusqu’à présent.

L’accord de sauvegarde signé avec le Gröenland en 2002 s’est d’ores et déjà révélé bénéfique pour les stocks d’Amérique du Nord. La St. Andrews, organisation écologique bénévole établie au New Brunswick, stimule la sauvegarde du saumon tout au long de la cote Est Américaine.

« La pêcherie Gröenlandaise n’a pas été exploitée depuis maintenant deux ans, et c’est ce qui a stoppé le déclin précipité du saumon », déclarait en Aout dernier Bill Taylor, président de la Fédération. Taylor affirme que cet accord devrait fournir l’impulsion nécessaire à la restauration de vigoureux retours du saumon dans des centaines de rivières.

« De très gros saumons, ayant effectué leurs migrations aller retour vers les zones de nutrition et leurs rivières trois, quatre fois, et même davantage, reviennent en nombre plus important que prévu, » ajoute t’il.

Andrew Wallace, directeur de l’Association Ecossaise des Comités de Pêcheries de saumon, dit que « Il n’est pas facile de pointer quelque chose du doigt et d’affirmer ‘C’est là que cela se passe’. Mais ces accords doivent contribuer à l’amélioration de la situation. »

Le rachat des filets

A propos du rachat en 2003 des filets utilisés au large des cotes Nord Est de l’Angleterre, Wallace ajoute que, « Cela a complètement changé la situation pour les rivières du Nord Est de l’Angleterre. Les captures de saumons ont fait un bond absolument incroyable. »

Les compteurs électroniques à poissons installés pour contrôler les remontées corroborent l’évidence de l’accroissement des retours de saumons, note Wallace, ajoutant que les travaux d’amélioration de l’habitat des rivières peuvent aussi concourir au rétablissement des populations.

Et Wallace fait remarquer que les pêcheurs y concourent également par la remise à l’eau d’environ 50% des saumons qu’ils capturent.

Alors que le catch and release a de longue date fait partie de la culture de la pêche à la mouche en Amérique du Nord et en Islande, il s’agit là d’un concept relativement nouveau en Grande Bretagne.

« Si vous étiez revenu dix ans en arrière et disiez aux pêcheurs de remettre leurs poissons à l’eau, ils vous auraient ri au nez », sourit Wallace. « Il s’est produit un changement d’attitude considérable. »

Vigfusson dit que son North Atlantic Salmon Fund est aujourd’hui bien engagé dans la troisième et dernière phase de son plan d’action : la sauvegarde des saumons au cours de leur migration de retour vers leurs rivières natales pour s’y reproduire.

« Cela ne vaut pas la peine de protéger les saumons sur leurs zones de nutrition, si c’est pour qu’ils soient ensuite interceptés par les filets posés le long des cotes d’Ecosse, d’ Irlande et dans les fjords Norvégiens, » dit t’il.

Le NASF négocie en ce moment le rachat des filets qui opèrent dans les fjords Norvégiens de la région de Trondheim. Vigfusson espère que cette opération pilote pourra constituer un modèle pour des accords similaires à travers toute la Norvège.

Il affirme avec force que la priorité et l’urgence est de venir à bout du problème des filets dérivants de la cote Ouest d’Irlande. Les chiffres émanant du Conseil International pour l’Exploration de la Mer (CIEM), structure de recherche composée de quelques 1.600 scientifiques de la mer de 19 pays du Nord Atlantique, laissent entendre que les fileyeurs Irlandais auraient fait état de la capture de plus d’un demi million de saumons pour les trois dernières années.

Vigfusson insiste sur le fait que ces saumons ne sont pas seulement sur la voie du retour vers les rivières d’Irlande mais également vers celles d’autres pays Européens, dont les stocks restent dangereusement faibles.

« Des programmes de restauration en France, Espagne, Allemagne, Sud Ouest de l’Angleterre et Pays de Galles ne peuvent valablement être entrepris avant que nous n’ayions obtenu l’arrêt des filets Irlandais, » ajoute t’il.

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